« Ecoutez l’opposition pour faire évoluer notre collectivité ! »
Discours de Guillaume Lepers, Président du groupe L’Avenir ensemble, lors de la session DM1 du 26 juin 2015.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Chers collègues,
Notre collectivité, comme la plupart des départements de France, doit aujourd’hui faire face à un contexte dégradé. La hausse continue des dépenses sociales, de même que les baisses de dotations décidées par le gouvernement, mettent à mal nos finances, et par conséquent, notre capacité à assumer nos compétences dans l’avenir.
Le Pacte de confiance et de responsabilité conclu en 2013 entre l’Etat et les collectivités, antérieur aux nouvelles baisses de dotations, n’est finalement qu’un sparadrap qui n’apportera pas de solution pérenne aux difficultés financières du Département.
Rien n’est à attendre non plus du projet de loi NOTRe. Son objectif initial était de renforcer les blocs communal et régional pour mieux préparer la suppression du Département. On sait désormais qu’il s’agira simplement de maintenir le statu quo, et que les compétences du Département comme ses finances demeureront quasiment en l’état.
Nous sommes tous ici, je crois, attachés à cet échelon territorial. C’est pourquoi nous ne pouvons accepter sans sourciller ce lent étouffement du Département, que nous devons dénoncer avec force, et pas seulement lorsque le camp d’en face est au pouvoir !
Cette situation, que nous ne pouvons finalement que regretter au niveau local, appelle de notre part une responsabilité accrue. La responsabilité d’assurer aux Lot-et-Garonnaises et aux Lot-et-Garonnais des infrastructures et des services de qualités en dépit de marges financières réduites.
C’est au regard de cette responsabilité que je tiens à réaffirmer l’engagement pris par notre groupe : celui d’être une opposition attentive, constructive, mais également intransigeante avec votre gestion et l’utilisation des deniers publics.
Et c’est aussi au nom de cette responsabilité que nous entendons participer à la politique d’ouverture et de concertation que vous dites vouloir mener. C’est dans ce sens, Monsieur le Président, que nous avons honoré votre invitation lundi dernier pour préparer cette session. Et vous pouvez compter sur notre présence dès qu’il s’agira de travailler de concert pour l’intérêt des Lot-et-Garonnais.
Je souhaite en revanche vous avertir : nous n’accepterons pas de cautionner une concertation cosmétique destinée à vous donner le beau rôle. Nous considérons qu’au-delà des querelles partisanes et des appareils politiques, la parole de l’opposition doit être écoutée, et pas seulement entendue !
Aussi notre analyse de votre politique à l’occasion de cette session appelle à mon sens 3 remarques.
D’abord, comme nous l’avons dit lors de la précédente session, nous devons trouver de nouvelles marges de manoeuvre financières. Vous l’avez promis dans votre programme électoral : il faut recentrer l’action du Département sur ses compétences obligatoires pour réaliser des économies de fonctionnement.
Suivant la ligne que je viens de rappeler, notre groupe est disposé à travailler avec vous pour identifier des sources d’économie et mettre en oeuvre une politique de modération des dépenses de fonctionnement à moyen terme.
Nous sommes aussi prêt à travailler avec vous sur la révision des régimes d’aide. Vous l’avez dit Monsieur le Président, nous allons devoir dépoussiérer les régimes d’aide du Département. Les rationaliser pour faire encore une fois des économies et allouer cet argent public aux structures qui en ont vraiment besoin.
Créons une commission ad hoc, réunissant majorité et opposition, pour rénover nos régimes d’aide !
Par ailleurs nous avons appris, lors de la dernière session, au détour d’un paragraphe, que vous aviez engagé un plan de réduction des charges à caractère général. Il est dommage que nous le découvrions ainsi et que nous ne soyons pas associés à ces travaux.
Une nouvelle fois, travaillons ensemble à un plan de réduction des dépenses de fonctionnement, en associant également l’administration pour garantir une meilleure mise en œuvre des décisions.
Ce qui amène ma deuxième remarque : notre institution, si elle doit réduire ses dépenses de fonctionnement et demander des efforts à l’administration, doit faire preuve de transparence et d’exemplarité.
Nous ne pouvons réformer les politiques départementales et imposer à nos agents un nouveau fonctionnement, sans faire nous-mêmes des efforts d’exemplarité.
C’est dans cet esprit que nous avions proposé, en session budgétaire, une réduction de 5% des indemnités versées aux élus. Vous l’avez refusée, mais nous devrons, je crois, réexaminer cette proposition lorsque viendra le temps de l’action.
Outre la question des indemnités, notre nécessaire transparence et exemplarité s’inscrit dans la gestion au quotidien de la collectivité et des décisions qui la régissent.
Transparence d’abord. Vous nous dites que vous stabilisez les charges de personnel, mais vous augmentez les postes de catégorie A.
Vous nous dites que vous suscitez des chantiers pour aider les entreprises du BTP mais vous réduisez les investissements en infrastructures du Département.
Dites la vérité ! Et astreignez-vous à une politique de transparence sur laquelle, là encore, nous pouvons nous retrouver.
Exemplarité aussi. Nous ne pouvons pas demander des efforts aux agents si en même temps vous créez un nouveau poste de catégorie A au cabinet du Président, et si vous poursuivez les embauches de personnel politique dans les services.
Et cessez de dire que vous avez réduit les dépenses de cabinet : vous les avez répartis entre les services du Département. C’est une astuce vieille comme le monde.
C’est ce qu’attentent les citoyens comme les agents de la collectivité : l’exemplarité de leurs élus. Commençons par être nous-mêmes exemplaires, c’est un préalable essentiel à la rationalisation des dépenses du Département.
Enfin troisième remarque qui porte cette fois sur le fond de votre politique. Nous devons être moins dans l’affichage que dans l’action. Nos concitoyens demandent des résultats à leurs élus et ils ont raison.
Or nous constatons qu’au-delà des effets d’annonce, les capacités d’action du Département sont considérablement réduites. Preuve en est la pauvreté de cette session : le nombre de rapports présentés est inférieur d’un tiers au nombre de rapports présentés habituellement en DM. Et la grande majorité de ces rapports sont sans incidence financière.
C’est d’ailleurs ce que confirme la qualité des rapports présentés. Outre les rapports récurrents, vous en êtes réduits à intégrer des rapports publicitaires pour mettre en valeur votre action, sans que ces rapports n’apporte aucune nouveauté.
Cette session révèle l’asthénie d’un Département autant affaibli par les difficultés financières que par votre défaut de vision. A l’exception de notre implication dans les contrats de ville et du financement de l’école InTechn’info, qu’y a-t-il de nouveau et de concret dans cette session ? Rien !
Nous devons pourtant aller de l’avant. Pour développer le Lot-et-Garonne, pour sortir nombre de nos concitoyens de la précarité et pour faire vivre nos territoires ruraux. Si le Département ne le fait pas, qui le fera ?
Nous devons aller de l’avant, en repensant l’action du Département à la hauteur de nos moyens, sans dogmatisme, et avec le pragmatisme propre au monde rural. Nous sommes prêts, encore une fois, à soutenir les actions qui vont dans le bon sens. L’opération De firme en firme ou encore la création du BAT sont des bonnes idées que nous soutenons sans réserves.
Vous avez aussi fait des promesses de campagne sur lesquelles nous pouvons nous rejoindre. Sur la professionnalisation des structures d’aide à domicile, sur la lutte contre la primo-délinquance, ou sur la valorisation du bénévolat par exemple. Avançons sur ces propositions !
Nous avons aussi des idées à apporter et à développer ensemble parce qu’elles ne relèvent pas de logiques politiques. Mettons, par exemple, en place une politique d’open-data, pour ouvrir les données de la collectivité et mettre ces données à la disposition des citoyens et des entreprises.
Comment se fait-il, Monsieur le Président, vous qui êtes impliqué sur ces questions, que le Département ne dispose toujours pas d’un site d’open-data ? Il s’agit pourtant d’une démarche essentielle, notamment pour accompagner le développement du cluster Inoo dont vous nous faite aujourd’hui la promotion !
Lançons un appel à projet pour la construction de méthaniseurs en direction des EPCI. Nous le savons tous, la méthanisation est une technologie d’avenir pour nos territoires ruraux. Elle permet de valoriser proprement les sous-produits de l’activité agricole et agroalimentaire pour créer de l’énergie. C’est une démarche qui intéresse de plus en plus d’intercommunalités, qui disposent de la taille critique pour porter ce type de projet. Soutenons-les dans cette démarche !
Reprenons en main le SIAD, dont on revoit chaque année la formule et qui est loin d’être un succès. Nous mettons chaque année 50 000 € dans cette manifestation ! Prenons le temps de réfléchir à un véritable événement autour de l’agriculture et de la culture paysanne pour mettre en valeur la ruralité.
Ce sont là des idées simples, peu couteuses, et qui contribueraient à faire avancer le Lot-et-Garonne.
Comme vous l’avez fait pour l’accompagnement global des demandeurs d’emploi, inscrit dans notre programme électoral, ou pour l’implication dans la politique de la ville, que nous avions demandé récemment, écoutez l’opposition, ses critiques comme ses propositions, pour faire évoluer notre collectivité.
C’est en somme le message que je souhaitais vous adresser ce matin. A vous revient finalement le choix d’une opposition frontale ou constructive. Si le mépris dans lequel vous avez tenu l’opposition depuis 2008 devez se confirmer, vous trouverez en face de vous des élus déterminés à contrer votre politique de communication et dénoncer vos arrangements politiques.
Si en revanche, votre main tendue ne s’avère pas artificielle mais bien réelle, nous aurons alors l’occasion de travailler ensemble pour l’intérêt des Lot-et-Garonnais.
Je vous remercie.
Photo : © L’Avenir ensemble