Le maire de Marmont-Pachas contre le «charcutage»
[La Dépêche, 12 novembre 2013]
Le maire de Marmont-Pachas, Gilbert Labadie n’est pas content du tout de la nouvelle carte cantonale. Il parle de charcutage et s’en émeut par courrier auprès des élus concernés et du préfet.
Dans un courrier qui doit parvenir dans les prochains jours au préfet, au président de l’Amicale des maires Jean Dionis et à Pierre Camani (conseil général,) Gilbert Labadie dit avec ses mots ce qu’il pense des propositions de la nouvelle carte cantonale valable après avis du Conseil d’État lors des prochaines élections en 2015.
Et il n’est pas tendre. «Découpage ? C’est plutôt un charcutage oui !» La fronde vient ainsi, de la plus petite commune de l’agglo agenaise, 160 habitants. Mais, prévient le maire, «il ne se passe pas une semaine sans que mes administrés ne s’interrogent sur cette façon de procéder. D’ailleurs, j’ai rencontré un conseiller général de gauche qui m’a sous-entendu que lui et ses homologues risquaient de le payer très cher. J’aurais souhaité que le conseiller général vienne expliquer sa démarche, il ne l’a pas fait…».
25 bornes
Gilbert Labadie dénonce en bloc le fait que Marmont-Pachas puisse avoir comme chef-lieu de canton dans deux ans Colayrac-Saint-Cirq, sur la rive droite de la Garonne. «Je pensais aussi qu’une réforme devait avoir lieu pour faire des économies financières mais imaginez que mes administrés auront à traverser la Garonne et trois autres cantons pour aller au chef-lieu
[…] Nous allons encombrer le pont de pierre et Beauregard, qui n’en ont pas besoin.» Colayrac est en effet à 25 km de Marmont. «Et, de plus, nous passerons à Layrac, la commune voisine». Son bon sens fait aussi dire à l’élu que faire des économies avec 42 conseillers généraux au lieu de 40 aujourd’hui «permettra sans doute d’alléger les chiffres du chômage, mais franchement, il ne faut pas être sorti de l’ENA pour comprendre. Quelle réforme ! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?»
Propositions
Gilbert Labadie ne cache pas son peu d’affinités pour la couleur rose et le Parti socialiste majoritaire au conseil général. Mais il fait aussi des propositions : «La rive gauche comprend 18 communes pour 30 000 habitants. Il fallait faire deux cantons de 15 000 dont un périurbain avec Le Passage d’Agen, Brax, Estillac et Roquefort, et l’autre rural avec 14 communes, dont Layrac aurait été le chef-lieu. Et nous resterions gascons à part entière, notre pays du Brulhois si cher à nos vignerons serait préservé».
C’est l’un des arguments employés aussi par le maire de Laplume, Eric Bacqua, qui s’est aussi fendu d’un courrier dès le 30 septembre à ses homologues du canton, puis au préfet. Une lettre de deux pages où l’élu rappelle qu’il existe un projet de pôle de santé autour de sa commune, d’Astaffort et de Caudecoste et que ce redécoupage ne permettra pas ce que souhaite le conseil général au travers de sa commission départementale Coddem. «Le maire rural, acteur majeur de son territoire, a des problématiques sur lesquelles il n’a aucune prise», conclut le maire de Laplume.
En 2015, le conseil départemental, frère cadet du conseil général, pourrait compter 21 cantons et 42 conseillers départementaux. Menée par Alain Merly (Prayssas) l’opposition s’oppose à la carte dessinée par la majorité.