Découpage des cantons : la droite en appelle à Jean-Marc Ayrault
[La Dépêche, 5 mars 2013]
L’Avenir Ensemble, le groupe d’élus d’opposition au conseil général, conteste auprès du Premier ministre le décret du ministre de l’Intérieur qui prévoit 21 cantons en 2015, au lieu de 40.
Halte «au découpage politicien». Message transmis par le président du groupe d’opposition au conseil général Alain Merly, hier, quatre jours après la publication au «Journal officiel» de la liste et du contenu des 21 nouveaux cantons. A l’exception de Jusix (lire notre édition de dimanche), cette nouvelle carte cantonale est conforme aux propositions de la majorité du Conseil général. «Elle tient compte des dividendes électoraux que la gauche compte empocher lors du prochain scrutin» commente le maire de Prayssas.»
Recours au Conseil d’état
Dans un courrier, l’opposition départementale saisit le Premier ministre Jean-Marc Ayrault pour un recours gracieux qui a toutes les chances de finir en classement vertical sous le bureau. La procédure voulue par l’Avenir Ensemble prévoit la saisine du Conseil d’État. Cette juridiction est celle-là même qui a validé les propositions des préfets, y compris en Lot-et-Garonne. «Encore qu’on ne connaît pas la teneur exacte de l’avis du Conseil d’État» constate Michel Diefenbacher, ancien président du conseil général (2004-2008). Dans l’idée de l’ancien député de Marmande comme de ses pairs du conseil général, il s’agit ici d’un découpage politicien, qui fait la part belle à l’actuelle majorité. «La gauche aurait trente sièges, et nous douze. Ce n’est pas le fruit du hasard» ironise Alain Merly, lui-même en bras de fer avec son voisin politique Alain Paraillous si ce redécoupage devait être validé.
S’il reconnaît sans qu’on lui pose la question que l’intérêt électoral, l’opposition peut également le nourrir, Alain Merly rappelle que ses troupes au sol avaient demandé un «vrai débat, et pas une concertation de façade chez le préfet […] » Avant les décisions officielles du début octobre 2013, l’opposition n’aurait eu que dix jours pour jeter sur la table un brouillon de propositions. «On avait travaillé ce sujet. Il n’était pas parfait, mais c’était une base de travail que nous n’avons pas eu le temps de présenter[…] Cette réforme n’est de toute façon pas de nature à moderniser la vie publique[…] C’est le syndrome du Moi président, avec un principe de retour électoral, c’est tout simple.»
Sauver Willy
Et l’opposition de rappeler que Laplume aura pour chef-lieu Colayrac, que les 4 Cantons se voient amputés d’un canton «car il faut sauver le conseiller général d’à-côté» (Jean-Louis Costes dixit), que Boé et Bon-Encontre sont étrangement épargnés alors qu’Agen-Nord est coupé en trois. «C’est une réforme stupide alors que celle que défendait Sarkozy avait comme principe de diminuer le nombre d’élus.» Avant 2012, la droite départementale, dans le sillage du Chef de l’état, défendait l’idée d’un nouveau «conseiller territorial» mélange de conseiller général et régional. «Cette loi est mal partie, mal arrivée» lâche Henri Tandonnet, membre d’un Sénat qui «s’est opposé. Quand on modifie la loi, on consulte les communes. Et comme par hasard, le décret portant sur ce découpage tombe trois semaines avant le 1er tour de scrutin, pour ne laisser aucune marge de manœuvre aux élus, qui ne comprennent toujours pas d’ailleurs.»
La droite en Lot-et-Garonne n’est pas la seule, loin s’en faut, à intenter un recours. Selon Michel Diefenbacher, 60 % des conseils généraux ont voté contre les propositions, «et douze sont de gauche, notamment la Corrèze» dont l’un des présidents fut jusqu’en 2012… François Hollande.
St.B.