« Le choc est violent ! »
Discours de Guillaume Lepers lors du Débat d’orientations budgétaire du 17 février 2017.
Chers collègues,
Monsieur le Président,
J’avais utilisé l’an dernier une métaphore sur les finances du Département qui vous avait déplue. Je l’avais comparé au Titanic naviguant inéluctablement vers l’iceberg.
Au regard des orientations budgétaires que vous nous présentez ce matin, je crois que nous pouvons le dire : ça y est, nous venons de heurter l’iceberg ! Et le choc est violent.
Un indicateur illustre le début du naufrage : pour la première fois, l’épargne nette du Département sera négative ! L’épargne nette du Département sera négative ! C’est l’avenir même de notre collectivité qui est en jeu.
Alors nous savons que le Lot-et-Garonne n’est pas un cas isolé, et nous en connaissons les raisons. Nous les avons d’ailleurs évoqué ensemble récemment en commission de refondation :
- une progression des dépenses sociales toujours dynamique, corrélée à une augmentation du reste à charge de la collectivité ;
- une réduction des dotations de l’Etat, plus forte encore cette année ;
- l’échec des négociations sur la renationalisation du RSA.
A cette incertitude financière s’ajoute l’incertitude politique de l’échéance présidentielle, dont dépendra l’avenir institutionnel des départements.
Mais ce qui m’inquiète le plus, c’est la déconnexion de votre discours avec cette situation. Je vous le dis en toute franchise, parce que ce discours est en contradiction avec les échanges que nous pouvons avoir et avec la situation financière de la collectivité.
Que vous souhaitiez poursuivre les politiques départementales et engager des projets me semble juste, parce que nous ne pouvons pas tout abandonner. Mais le rapport d’orientation budgétaire que vous nous présentez me semble aller bien au-delà.
Vous continuez d’annoncer de grands projets d’infrastructures – comme la déviation de Marmande, la déviation de Casteljaloux, le pont du Mas,… sans jamais avancer d’échéancier.
Vous présentez un programme pluriannuel d’investissement totalement irréaliste, qui prévoit près de 70 M€ d’investissement en 2018, alors même que nous avons touché le fond en 2016 et que nos finances sont exsangues.
Vous voulez investir 30 M€ l’an prochain dans les infrastructures alors que vous avez été à peine capable d’en investir 16 M l’an dernier.
Monsieur le Président, vous avez enfin commencé à tenir un discours de vérité sur les finances du Département. Tenez-le jusqu’au bout !
Dites aux Lot-et-Garonnais que vous n’êtes pas certains de tenir vos engagements sur les projets d’infrastructures. Dites-leurs qu’il faudra encore renoncer à des politiques départementales en 2017. Dites-leurs qu’ils ne pourront plus compter sur le Département comme il le faisait auparavant.
Je crois que les Lot-et-Garonnais méritent cette franchise.
Je ne développerai pas plus sur les orientations budgétaires car je crois avoir dit l’essentiel. Et je ne juge pas utile de revenir sur les points de divergences que nous connaissons tous et qui m’attireraient encore une fois l’accusation de radoter.
Un mot rapidement sur le rapport de la Chambre régionale des comptes. Nous y trouvons évidemment la confirmation d’un certain nombre de nos griefs à l’encontre de la majorité, et je suis certain qu’elle y trouvera pour sa part des motifs de satisfaction.
Je note simplement qu’il aura fallu attendre cette session pour connaître le taux d’absentéisme des agents, que nous demandons depuis deux ans.
Pour conclure, je vous réaffirme la forte inquiétude des élus de la droite et du centre quant à l’avenir du Département et notre capacité à assumer les compétences pour lesquelles les Lot-et-Garonnais nous ont élus.
Je vous remercie.
Crédits photo : L’Avenir ensemble.