Pour notre collectivité, aujourd’hui, l’enjeu est national.
Discours de Guillaume Lepers, Président du groupe L’Avenir ensemble, lors de la session de DM1 du 21 juin 2019.
Madame la Présidente,
Chers collègues,
Pour cette première session budgétaire de l’ère Borderie – je parle bien de Sophie et non de Jacques vous l’aurez bien compris – nous avons décidé, Madame la Présidente, comme un cadeau de début de mandat, de ne pas revenir sur tout ce qui nous oppose.
Aussi, nous ne reviendrons pas sur les désaccords qui jusqu’à présent ont été les nôtres que cela soit en matière d’évaluation des politiques publiques, de gestion financière ou encore de communication.
Je ne commenterai pas non plus, longuement, un par un, les dossiers de cette décision modificative n°1, qui, honnêtement, reste toute relative.
Bien sûr, nous nous réjouissons de l’annonce du plan « collèges » dans notre Département. Il était temps. Ces chantiers sont attendus depuis maintenant bon nombre d’années et certains deviennent particulièrement urgents. L’impatience se faisait ressentir dans les établissements. Nous avons pu le constater durant les différents conseils d’administration auxquels nous assistons. Ce plan est donc évidemment le bienvenu. Reste maintenant à concrétiser les annonces.
Bien sûr, également, nous sommes très heureux de constater que tant bien que mal, malgré les divergences de point de vue qui peuvent exister entre l’agglomération d’Agen et le Département, le dossier de l’échangeur Agen-Ouest avance. C’est une très bonne chose car il s’agit là d’un dossier structurant pour le Lot-et-Garonne.
Evidemment, enfin, nous nous réjouissons des partenariats qui peuvent se nouer dans le cadre du Campus Numérique et nous espérons que le plan d’inclusion numérique portera ses fruits.
Mais en réalité, nous le savons tous, et nous en avons parlé à maintes reprises, l’enjeu majeur d’avenir pour la collectivité et le territoire n’est pas là.
Aujourd’hui, malgré un budget global de plus de 400 millions d’euros, nous en sommes à nous réjouir d’investir 3 à 5 millions d’euros par an sur 5 ans dans les travaux d’envergure de nos collèges, travaux pourtant indispensables pour l’avenir des jeunes lot-et-garonnais. Nous en sommes à mégoter sur quelques 2 millions d’euros à investir ou non dans le projet du stade Armandie, à nous contenter d’injecter à peine 300 000 euros pour la totalité des écoles du département et à calculer si nous serons encore en capacité de verser les quelques 6 millions d’euros de subventions associatives qui existent encore.
Cette situation nous en connaissons tous les causes. Car, en parallèle, c’est bien 7 millions d’euros par an de prise en charge des mineurs non accompagnés (MNA) que le Département assume à la place de l’Etat. C’est plus de 40 millions d’euros annuel sur le montant des allocations individuelles de solidarité (AIS) qui restent à la charge du Département et que le gouvernement refuse de compenser.
L’enjeu pour notre collectivité est donc bien national. Si l’Etat venait à n’assumer ne serait-ce que la moitié de ces montants nous pourrions retrouver des marges de manœuvres indispensables pour que le Conseil Départemental redevienne un acteur incontournable du développement de notre territoire. Aujourd’hui, malheureusement, nous en sommes bien loin.
Je ne doute pas, Madame la Présidente, que vous êtes bien consciente de cette réalité. Pierre Camani nous a beaucoup parlé de ses déplacements à Paris dans le cadre de l’Assemblée des Départements de France notamment. Aussi, avec le changement de présidence, nous souhaiterions connaître, au delà des premières annonces dont vous nous avez fait part, vos réels engagements sur le sujet. Pouvons-nous compter sur votre action ? Mettrez-vous toute votre énergie pour défendre le sort du Lot-et-Garonne et des départements ruraux à Paris ? Comment pensez-vous y arriver là où votre prédécesseur a échoué ? Avez-vous une stratégie à court et moyen terme ? Des actions concrètes pour vous faire entendre ? Car malheureusement, sur ce sujet, il ne suffira pas de changer la banderole apposée à l’entrée du parc du Conseil Départemental – qui commence déjà à faner au soleil – pour justifier d’une action…
Votre investissement total est indispensable et doit être sans faille. Sur ce sujet, comme nous l’avons fait depuis le début du mandat, nous serons à vos côtés. Nous ne pouvons accepter un tel déséquilibre territorial.
Aujourd’hui, plus que jamais, les territoires ruraux sont fragilisés. Nous en avons encore parlé lors de la dernière commission permanente avec le désengagement de la direction générale des finances publiques (DGFIP) et les fermetures à venir de services dans les trésoreries. Nous en reparlerons certainement tout à l’heure avec Jean-Louis Coureau quand nous aborderons le sujet de La Poste et des fermetures intempestives et injustifiées des agences postales. Les services publics reculent dans les territoires ruraux. C’est inacceptable. Les citoyens de nos départements sont en droit de disposer des mêmes conditions que leurs voisins des grandes métropoles.
Plus généralement, beaucoup de questions se posent autour de l’avenir des conseils départementaux, sur le devenir de leurs compétences et de leurs financements.
Alors que, depuis des années, sous tous les gouvernements confondus, l’Etat refuse de compenser les compétences qu’il nous a transférées. Il ne cesse de réduire les dotations et il nous contraint, depuis l’an dernier, par un Pacte Financier. Voilà qu’il est maintenant question de priver les Départements de leur part de taxe foncière sur le bâti et de leur autonomie fiscale. Pour mémoire, c’est l’augmentation de cette même taxe de 20 % en 2017 qui permet aujourd’hui à la majorité départementale de se targuer du « redressement de la situation financière de la collectivité ».C’est donc une nouvelle menace qui pèse sur notre collectivité à laquelle, Madame la Présidente, il vous faut être particulière attentive.
Vous avez la chance d’être toute nouvelle Présidente. Aussi, avez-vous profité de vos nouvelles fonctions pour rencontrer les instances parisiennes ? Une nouvelle présidente d’un Conseil Départemental est en droit d’obtenir certaines entrevues il me semble. Avez-vous sollicité différents rendez-vous avec l’exécutif ?
Vous nous avez fait part des certaines décisions concernant la péréquation. J’imagine que vous avez assisté à des premières réunions ces derniers jours. Avez-vous d’ores-et-déjà noué des liens et des accords avec les autres départements ruraux qui partagent nos problématiques ?
Vous l’aurez compris les attentes sont fortes et les enjeux sont vitaux pour notre Département. Nous espérons sincèrement que votre Présidence saura se montrer à la hauteur et obtiendra des résultats concrets pour le Lot-et-Garonne et le Lot-et-Garonnais.
Je vous remercie.